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Médecine de l’obésité : quelles avancées ?

    ARTICLE DE PRESSE mis en ligne le 17 Octobre 2022 par Pharmaceutique, à retrouver en cliquant ici

    Nouveaux traitements, nouvelles recommandations, expérimentations de parcours pluriprofessionnels : la prise en charge de l’obésité entre dans une nouvelle ère. Une reconnaissance de la maladie qui redonne de l’espoir aux patients.

    « C’est une reconnaissance de l’obésité comme maladie chronique » : le Dr Lysiane Jubin, nutritionniste et directrice médicale obésité de Novo Nordisk France, a salué la publication en juin dernier par la HAS de recommandations de bonne pratique dans la prise en charge de l’obésité chez l’adulte. « Ces recommandations permettent de clarifier les trois niveaux de recours : c’est très important pour les patients de savoir où ils en sont », assure la journaliste santé Hélia Hakimi-Prévot, autrice de « La vérité sur l’obésité, comprendre et soigner cette nouvelle épidémie ».

    Ces bonnes pratiques intègrent notamment la possibilité de recourir à des thérapies médicamenteuses, en cas d’échec d’une prise en charge nutritionnelle. Par le passé, « on a vu se succéder toute une série de médicaments, qui ont conduit à des échecs », rappelle Hélia Hakimi-Prévot. Selon elle, la mise à disposition récente dans cette pathologie d’une classe de médicaments, les analogues de GLP-1, déjà utilisée dans le diabète de type II « et sur laquelle on a un vrai recul », constitue une avancée cruciale. « L’accès précoce accordé à notre médicament Wegovy® est aussi une façon de reconnaître l’obésité comme une maladie où il y a de l’innovation, se réjouit le Dr Lysiane Jubin. Il n’y a pas « une » obésité, chaque patient est différent. Plus l’arsenal thérapeutique sera large, mieux on pourra proposer une prise en charge adaptée à chacun. »

    Globaliser les parcours

    Malgré ces avancées indéniables, beaucoup reste à faire car comme le souligne le Dr Vincent Frering, président de la Société française et francophone de chirurgie de l’obésité et des maladies métaboliques, « quelle que soit la stratégie de traitement, c’est une maladie dont on ne guérit pas : il y a des récidives. L’obésité est une école de l’humilité. Personne ne détient la vérité pour soigner cette maladie complexe. Toutes les initiatives sont les bienvenues ! On peut réellement soulager la souffrance des malades. » Le praticien regrette cependant que le tout récent rapport d’évaluation de la HAS sur la « chirurgie métabolique » (dont l’objectif principal est la régulation du métabolisme glucidique plutôt que la perte de poids) chez les patients atteints de diabète de type 2 et souffrant d’obésité réserve cette option en dernier recours. « Pourquoi attendre d’en être aux dernières extrémités pour opérer ? La chirurgie est un outil puissant : sachons l’intégrer plus tôt dans le parcours. » Approche nutritionnelle, activité physique, médicament mais aussi chirurgie : toutes ces options ont leur place dans la prise en charge qui doit désormais être pensée de façon globale et dans la durée.

    Une prise en charge Une prise en charge ancrée sur le territoire

    Le Dr Jocelyne Raison, médecin nutritionniste et présidente du réseau de santé régional obésité adultes en Ile-de-France (ROMDES), veut porter « une vision d’avenir et beaucoup plus positive » à travers l’expérimentation de type article 51, baptisée GPS-Obésité. Déployée sur trois régions (Centre-Val de Loire, Hauts-de-France et Ile-de-France), elle propose une prise en charge de premier recours fondée sur une équipe pluriprofessionnelle, en partenariat avec les services hospitaliers et les spécialistes de ville. « Nous avons réussi à travailler en co-construction et à embarquer tous les acteurs du territoire sur cet itinéraire », se félicite la nutritionniste. Celle-ci insiste sur l’accompagnement et la formation des médecins généralistes (qui n’ont que 4h de cours sur l’obésité en formation initiale) pour améliorer la prise en charge de proximité, ainsi que l’accompagnement éducatif du patient. « L’objectif final est de rendre le patient plus autonome pour prendre part à la décision thérapeutique, et d’améliorer sa qualité de vie. S’il se sent bien, il sera plus en mesure de perdre du poids. »

    Journaliste : Julie Wierzbicki


    Obésité : un parcours en gestation

    ARTICLE DE PRESSE mis en ligne le 19 Octobre 2022 par Pharmaceutique, à retrouver en cliquant ici

    Patients et soignants devront faire front commun pour améliorer la prise en charge médicale de l’obésité. La mise en place d’un parcours de soins de proximité devrait y contribuer. La coordination et la co-construction seront les maîtres-mots de la transformation.

    L’obésité est une pathologie chronique. Mal connue et reconnue, elle est trop rarement diagnostiquée comme telle. Facteur d’exclusion sociale, elle est vécue comme une souffrance par la plupart des patients, également victimes des idées reçues et des préjugés. Les experts réunis par Pharmaceutiques sont unanimes : la situation exige la mise en place d’un parcours de soins de proximité, coordonné par le médecin généraliste, pour redynamiser la prise en charge et réduire les comorbidités. Appuyées par la science et la biologie, la conscientisation et la compréhension de la maladie seront indispensables pour engager et poursuivre la démarche médicale, à laquelle nutritionnistes, diététiciens et psychologues devront être davantage associés. La teneur du discours et les messages délivrés seront essentiels pour instaurer une véritable relation de confiance entre l’individu et l’équipe soignante.

    Ecouter et mobiliser

    Délicate, la problématique devra être traitée avec la plus grande finesse, notamment dans le cadre du colloque singulier. « La stigmatisation augmente significativement le risque de devenir obèse ou de le rester. Il faut reconstruire la représentation mentale de cette pathologie, et casser le lien systématique entre alimentation et corpulence. Chacun doit s’affranchir de cette étiquette collée par la société pour avancer et créer une alliance thérapeutique durable », affirme Rudy Caillet, praticien hospitalier et directeur du centre nutritionnel des Hôpitaux civils de Colmar. Le dialogue, l’écoute et le respect seront des variables critiques pour déculpabiliser et mobiliser chaque patient. « Le médecin doit prendre le temps de cerner son histoire, son ressenti et ses attentes. Il doit ensuite faire le lien avec les autres soignants pour lui proposer des solutions globales et transversales », estime Jocelyne Raison, médecin nutritionniste et présidente du réseau Romdes. L’objectif est clairement affiché : favoriser la montée en compétences et améliorer la qualité de vie.

    Ecouter et mobiliser

    Complexe, la structuration des parcours devra tenir compte des réalités professionnelles et territoriales. « Nous devrons innover en fonction des besoins, des aptitudes et des disponibilités, mais aussi évaluer les dispositifs et dupliquer ceux qui fonctionnent », confirme Marine Abtan, chef de projets en santé chez Medtronic IHS France, qui mène une expérimentation triennale dans trois territoires pour « optimiser le suivi des patients obèses opérés ». Estampillée article 51, cette initiative doit permettre de consolider la pluridisciplinarité, la cohésion des équipes et la rémunération des acteurs, trois freins régulièrement constatés sur le terrain. Autre évolution souhaitable : la formation des différentes parties prenantes devra être renforcée pour maximiser les chances de succès. « Seule une volonté politique forte et audacieuse nous placera sur la voie de la professionnalisation. La collaboration devra impérativement reposer sur des principes de co-construction et de co-décision pour garantir le bien commun », relève Alina Constantin, présidente du conseil patients et responsable des relations internationales patients au sein de la Ligue nationale contre l’obésité. En progression constante, cette maladie des tissus adipeux touche 8,5 millions de Français.  

    Journaliste : Jonathan Icart

    NB : 
    ces propos ont été recueillis durant la troisième table ronde du dernier colloque organisé par Pharmaceutiques.